Chapitre 3

La fuite du dragon

La terre bouge. Les entre-mêlas de racines semblent s’animer aux sons des murmures caverneux émanants du coeur impénétrable de la forêt. Le long et glaçant râle est sourd, presque imperceptible à l’oreille, mais sa puissance est telle que ses vibrations font tressaillir tous les habitants de ces bois.

Les arbres millénaires du coeur de la forêt se balancent en rythme désordonné, laissant choir leur vieux feuillage à terre. Une pluie lente et virevoltante brunâtre tombe à travers les bois. Du fond noir et abyssal de Bois Pentus, une force surnaturelle s’est réveillée. Elle souffle un vent profond qui fait trembler la terre et chuchote aux oreilles de chaque être vivant qu’elle trouve sur son passage des mots démoniaques. Un cervidé tombe sous l’emprise du vent sonore. Il se fige, comme s’il avait surpris un prédateur à l’affût. Le murmure traverse ses oreilles toutes dressées, et après quelques instants d’immobilité, l’animal ferme lentement les yeux. Le murmure s’éloigne. Le cerf reste figé, il semble plongé dans un profond sommeil. Mais peu à peu, ses pattes se dissipent, deviennent translucides, jusqu’à s’évanouir complètement. La bête semble flotter dans les airs telle un spectre. Le maléfice commence à s’étendre au reste de son corps, en remontant progressivement. La faible lumière qui traverse les arbres traverse maintenant la silhouette du cerf qui s’efface lentement. Il ne reste bientôt que la tête et les bois de l’animal. La vie du cerf semble s’éteindre, il reste pourtant sagement immobile, les yeux paisiblement fermés. Après de longues minutes, le cerf semble s’être vaporisé. Plus de trace de l’animal.

Le zéphyr continue sa route, tel une charge de cavaliers invisibles, en faisant tout tressaillir sur son passage. Dans son sillage, le murmure insidieux laisse une traînée maudite qui fait disparaître peu à peu la présence de toute vie dans la forêt.

Le murmure arrive bientôt à la clairière du ventre feuillu.

Les 2 princes continuent leur fuite. Ils progressent hors des sentiers en direction opposée du murmure. Stéphane ouvre le passage, il galope à toute vitesse en fendant l’air avec son épée pour frayer un chemin à son alter ego moins aguerri. Le prince Jérémy suit tant bien que mal Stéphane, il trébuche à la moindre racine saillante, s’érafle les bras à travers les ronces et sème des lambeaux de tissu de sa tunique tel un petit poucet. Il est exténué. Cela fait maintenant quinze bonnes minutes qu’ils détalent dans les bois et il peine à retrouver sa respiration.

– Je t’en prie Prince! … Ralentis ! On l’a semé c’est sûr …!

Le Prince Stéphane jette un œil derrière lui et après une petite hésitation, commence à ralentir la cadence. Une fois au pas, il rengaine son épée et se tourne vers Jérémy en continuant à marcher à reculons.

– On n’entend plus ce bruit atroce. Tu as raison. Il constate que Jérémy transpire à grosses gouttes. Visiblement moins endurant que lui, il fouille dans sa besace et en sort une outre bien remplie.

– Bois cher Prince. La route est encore longue jusqu’à mon village. Je ne tiens pas à te ramener en décomposition.

Le prince Jérémy s’arrête brusquement. Il s’assoit sur une vieille souche et reprend ses esprits peu à peu. N’ayant plus la force de parler, il quémande de la main la gourde à Stéphane. Ce dernier s’approche un brin amusé et lui offre son eau. Après une longue descente revigorante, le prince Jérémy se relève encore un peu essoufflé.

– Tu sais où on est au moins ? On a fui comme des lapins à travers les bois, comment penses-tu retrouver ton royaume ? Et d’ailleurs pourquoi veux-tu m’amener là-bas ?

– On a fui en direction du nord-est, j’ai reconnu les marques de mes éclaireurs sur certains arbres durant notre course. Ils entaillent les arbres que les bûcherons doivent abattre. Mon royaume n’est plus très loin et c’est trop risqué de revenir sur nos pas maintenant…

Jérémy n’écoute plus le prince, il vient soudainement de se rappeler la fugue de son dragon.

– Pas question de quitter la forêt sans Dendedémon! Je dois retourner le chercher…

– Ton… Dendedémon, il ne va pas retourner tout seul à ta cité ?

– Je ne crois pas non. Je ne l’ai jamais vu dans un tel état. Il avait peur… Qu’est ce qui peut effrayer un dragon ? Je n’imagine même pas… S’il a paniqué il peut être n’importe où… Mais il se terrerait probablement dans un abri, une caverne…

Le prince Stéphane réfléchit un moment.

– Il y a bien les grottes de Pérétos. Elles sont à l’est. La sente nous fait passer trop près du cœur mais on pourrait s’y rendre par la rivière. Mes pêcheurs m’ont parlé d’un embarcadère pas très loin d’ici…

– Alors qu’attendons nous ? Quelle direction prend-on ? … Mais attends un peu… Les villageois qui étaient avec toi ? Tu ne retournes pas les chercher ?

– Mes hommes connaissent bien les bois, et nos règles sont claires en cas de débâcle tout le monde se réfugie derrière les murailles du château. Allons trouver ton ami mon Prince…

Jérémy un peu gêné, acquiesce d’un hochement de tête. Les deux princes continuent leur route en direction de l’embarcadère.

Au cœur des Bois Pentus, le murmure n’est pas rassasié et continu son festin d’âmes.

Il entame un requiem funeste pour attirer de plus grosses proies. Le souffle devient chaud et saccadé. Au rythme de la brise qui chuinte entre les arbres, le murmure devient chant.

Si les arbres sont le sang, des Bois Pentus je suis le cœur,
Si la sève est son encre, de sa vie j’en suis l’auteur.
Né maudit sur cette terre, mon reflet est une torpeur,
Condamné à l’ignorance, la solitude je pris pour sœur.
Depuis, cette forêt je la hante, j’y insuffle ma rancœur,
A travers son branchage, je souffle un air vengeur.
Du vent chantant né le tourment, la souffrance et la stupeur.
Sentez-vous cet air sifflant qui vous susurre un son charmeur,
Une envoûtante mélodie que vous suivez avec ardeur ?
Soyez sans craintes et sans peurs, et contentez votre seigneur,
Serviteurs dont j’ai horreur : obéissez à ma douleur !

Ce chant funeste émane d’une sombre forteresse en ruine envahit par des racines calcifiées. De hauts remparts de roche calcinées cerclent un ilot sur lequel repose le roi maudit. La tanière du seigneur est protégée par un lac aux eaux noires et profondes à l’aspect huileux. Le bassin du lac trace un cercle parfait au milieu des bois, vue du ciel, il dessine un œil ténébreux d’où jaillissent des nervures qui sillonnent les bois alentours. Aucune vie de quelque sorte ne semble habiter ces lieux. La seule trace de mouvement perceptible est le souffle qui balaie le lac et crée des ondées épaisses à sa surface. Personne n’a jamais encore osé pénétrer dans ses contrées lugubres, autrefois luxuriantes et en osmose avec la nature. Le mal qui ronge ici ôte toute forme de vaillance et n’instaure qu’un climat de peur et d’angoisse.

Mais la complainte lugubre attire de nouvelles âmes égarées. Des chimères résistantes aux murmures du roi cèdent sous la magie de ses paroles maudites. Deux flammes bleues avancent vers les rivages du lac. A leur passage, elles nimbent les alentours d’un aura azur et scintillant. Elles pénètrent aux abords du lac et s’arrêtent au pied de l’eau. C’est un couple de Fureloup. Animé par la volonté de La Mère Licannde, gardienne de la faune, Les Fureloups sont des créatures d’une grande beauté et douées de sagesse. Ils veillent à garder l’équilibre des groupes sociaux de la forêt. Au départ de leur crâne, en suivant l’épine dorsale, ils arborent fièrement une crinière de flamme d’un bleu glaciale. Elle se termine par un panache nerveux en guise de queue, laissant sur leur passage des petits feux follets évanescents. D’ordinaire un Fureloup naît blanc. Au fil du temps, son pelage vire au noir à mesure que ses flammes grandissent. Ce couple là entre probablement dans sa cinquantième année et la noirceur de leur robe est telle qu’ils ne semblent être qu’ombre. Les Fureloups sont des êtres au comportement social très développé. Une fois que le mâle et la femelle se sont trouvés, ils ne se quittent plus et vouent leur existence à l’éducation de leur petit et à l’équilibre de la chaîne alimentaire des Bois. Leur fidélité n’a rien à envier à celles des Hommes.

Le mâle Fureloup avance le premier. Avec hésitation, il pose une patte sur l’eau froide du lac. Elle ne s’enfonce pas. Le loup s’avance, bientôt suivi par sa compagne, et tout deux marchent sur le lac, sans sombrer dans ses abysses. Leurs crinières déposent un reflet lumineux chancelant sur les ondées de leurs pas, et à travers les ténèbres épaisses de la nuit, ils sont les premières lueurs de vie à pénétrer dans l’antre du roi maudit.

Arrivée au milieu du lac, la femelle Fureloup s’arrête. Elle a dressé ses oreilles et écoute le chant du vent qui émane de la forteresse. Son compagnon s’arrête à son tour et se tourne vers la femelle. Elle regarde la grande tour dressée au centre de l’enceinte fortifiée, calmement. Au rythme lancinent du requiem, elle tombe dans un profond sommeil éveillé sous le regard inquiet de son mâle. Et peu à peu, la louve sombre dans les eaux abyssales du lac, sans lutter. Le mâle pousse des gémissements et essaie de tirer sa compagne hors des eaux en la saisissant délicatement par la nuque avec sa gueule. Mais la louve est un poids mort, elle continue de s’enfoncer progressivement. Le mâle se met à hurler et à grogner après le souffle insaisissable de la forteresse, il tourne autour de sa compagne et la regarde impuissant sombrer dans l’abîme. La louve a totalement disparu. Le mâle est assis sur l’eau, le regard plongé dans les eaux profondes, et entame un chant déchirant qui résonne contre les murs épais de la forteresse. En réponse, le souffle se fait plus fort, et le chant du roi arrive aux oreilles du Fureloup. Il n’oppose alors aucune résistance, abaisse les oreilles, ferme les yeux et attend patiemment de rejoindre sa belle au fond du lac.               

Les deux princes arrivent à l’embarcadère. La nuit est tombée sur la forêt. Une petite lanterne fixée sur le ponton les guide à travers les hautes herbes des berges de la rivière. Le prince Stéphane part devant et trouve une barque attachée au ponton.

  • Elle est encore en état. Je ne sais pas depuis combien de temps cet embarcadère n’a pas servi.

Il saisit les rames cachées par des roseaux, vérifie leur solidité et grimpe dans la barque.

  • Tu viens prince ?

Jérémy, se saisit de la lanterne, s’approche et lève un pied, quelque peu hésitant. Encore le terrain d’un jeu dont il ne connaît pas les règles. Stéphane comprend vite et tend la main au prince. Jérémy saisit sa main et maladroitement passe un pied dans la barque. Il s’élance un peu trop vite et perd l’équilibre.

  • Hééé… !
  • Et je te tiens. Stéphane rattrape Jérémy qui était à un cheveu de passer par-dessus bord.
  • Et… merci Stéphane. Ce dernier l’assoit délicatement au fond de la barque, détache les amarres et écarte la barque de la berge à l’aide d’une des rames. Une fois au milieu de la rivière, il commence à manœuvrer et assis en face de Jérémy, donne les premiers coups de pagaies en direction des grottes de Pérétos.
  • C’est la première fois que tu navigues en barque ?
  • C’est la première fois que je me retrouve sur l’eau. Le Prince Jérémy observe les berges qui avancent d’un œil inquiet. Il détourne le regard vers Stéphane et le découvre en plein effort. Le Prince a les épaules larges et ne manque pas de muscles. L’exercice ne semble pas lui fournir la moindre difficulté.
  • Nous atteindrons les grottes dans deux ou trois heures si je garde le bon rythme.

Jérémy est perplexe. Tu vas tenir tout ce temps ? Bien sûr je pourrais toujours te relayer, mais nous arriverons au petit matin…

Stéphane sourit. Ça ce n’est rien pour moi. Mais c’est la falaise que nous devons escalader juste après qui m’inquiète un peu.

Jérémy perd ses couleurs. Une falaise ? Tu me dis ça maintenant ? Mais je n’ai jamais esca…

  • Je plaisante prince ! Stéphane est très fier de sa raillerie. Un large sourire se dessine sur son visage et il éclate de rire. Si tu voyais ta tête !

Le Prince Jérémy bien que soulagé, marque sa vexation par un haussement d’épaule et détourne le regard. Mais Stéphane ne s’arrête pas pour autant de rire à en perdre son souffle. Le rire communicatif du Prince finit par dérider Jérémy qui échange un bref regard colérique trahit par un sourire en coin. Et ils se retrouvent tous les deux à rire à n’en plus finir, la barque portée par le seul courant de la rivière.

La nuit est claire ce soir-là. Au-dessus du cours d’eau qui berce doucement les Princes, une rivière d’étoiles dessinée par les arbres se dévoile peu à peu. Le Prince Jérémy s’est installé confortablement pour admirer le spectacle. Il se laisse bercer par le flot de la rivière et le bruit monotone des rames qui glissent et soulèvent l’eau délicatement. Son esprit s’évade, il oublie pendant un instant le sauvetage de son compagnon ailé et se remémore la rencontre avec la Chrysalide.

  • Stéphane. Avant que la terre ne se mette à trembler dans la clairière, l’Ancienne a dit quelque chose d’étrange.
  • Aimer et être aimé…
  • C’est ça ! Aimer et être aimé. Et j’ai beau chercher, je n’en comprends toujours pas le sens.

Le Prince Stéphane, ralentit un peu la cadence de sa rame. Et songe à son tour à cet instant.

  • Qu’es-tu venu chercher auprès de l’Ancienne ? Tu voulais parler à « Galane ».

Jérémy hésite. Cette confession lui seul la connaît, pas même la prophétesse ne s’en rappelle. Il regarde Stéphane droit dans les yeux, pendant plusieurs secondes.

  • Ma conseillère spirituelle m’a fait une prédiction il y a quelques jours. Il se remémore ces paroles, et comme sous l’effet de l’hypnotisme, récite la prophétie.

Tes pensées tourmentées, ton cœur bouillonnant… l’un tu donnes à l’autre et aux autres tu ne devras plus rien…

Le Prince Stéphane, analyse l’étrange récit. Tous deux ne parlent plus, en proie à la réflexion. Stéphane rompt le silence.

  • Et Galane qui est-ce ?
  • Une âme de la forêt qui est le véritable auteur de la prophétie. Ma conseillère, une chamane de la forêt, l’abrite en elle. Les âmes sont gouvernées par l’Ancienne, la Chrysalide. En la rencontrant j’espérais pouvoir communiquer avec l’âme de Galane. Mais l’Ancienne a dit : Galane déjà parti… Il regarde Stéphane et perçoit dans ses yeux une gêne. Son esprit s’éveille. Tu sais quelque chose à son sujet ! Tu étais là avant moi, tu as déjà parlé à l’Ancienne !
  • Je ne suis pas sûr… la Chrysalide nous a menacé de mort moi et mes hommes. Mais quelque chose, je pense qu’elle parlait à une âme, semblait en désaccord avec elle. Et au prix d’une série de questions servant à prouver ma valeur, elle décida finalement de nous laisser sains et saufs. Il prend une respiration et confie les dernières paroles de l’Ancienne. Sa dernière question… elle m’a demandé de choisir entre « aimer » ou « être aimé »… Les mêmes mots qu’elle t’a confiés.
  • Et qu’as-tu choisi ?
  • Les deux. Et elle me laissa la vie sauve. Le Prince Stéphane se plonge à nouveau dans ses réflexions. Jérémy, crois-tu qu’il y ait un lien entre ta prophétie et cette énigme ?
  • Si c’est le cas, c’est que tu as un rôle à jouer là-dedans. Car si c’est bien Galane qui a permis que ta vie soit épargnée…

Les deux princes continuent la remontée de la rivière. Lassés de se torturer l’esprit, ils préfèrent en apprendre un peu plus sur le royaume de chacun. Stéphane raconte comment sont organisées ses terres agricoles. Autrefois régies par le métayage, le prince donna à son arrivée au trône, la pleine propriété à ses cultivateurs en échange d’une régulation des prix et la garantie de la pérennité de l’agriculture par leurs successeurs. Jérémy dépeint les insolites murailles de sa citadelle, bâties en « livres » qui font sourire tous les voyageurs et les marchands.  Ils se demandent comment ses tours branlantes font pour tenir debout après toutes ces années. Il confie au prince que cette muraille était à l’origine une farce de son architecte. Il suggéra au prince féru de lecture de bâtir sa forteresse en vidant son impressionnante bibliothèque : « Avec tous ces pavés que vous lisez, on aurait de quoi vous bâtir une tour de cent pieds de haut ! ». Mais l’idée plu au Prince. L’architecte, ne souhaitant pas mécontenter Son seigneur, fit appel aux meilleurs sculpteurs et ébénistes du royaume pour ériger une citadelle de pierre et de bois, à l’apparence de piles de livres. Le temps c’est arrêté sur la rivière. Stéphane ne pagaie plus, trop passionné par leur conversation. Après avoir détaillé les moindres rouages de leurs royaumes, les deux princes abordent des sujets plus confidentiels.

  • Depuis combien de temps diriges-tu ce royaume seul Stéphane ?
  • Et bien.. depuis qu’on me l’a confié. Cela fait maintenant plus d’une dizaine d’années je crois. Il prend soudain la mesure du temps qu’il a passé à régner seul.
  • Trop occupé par ton peuple ? Le Prince Jérémy connaît ce sens de la dévotion.
  • J’aime mon peuple, les sujets attendent beaucoup de moi et je dois constamment veiller sur eux.
  • Mais l’amour qu’ils t’apportent, ça ne te rend pas moins seul…

Le Prince Stéphane ravale sa salive par réflexe.

  • C’est sûr… et pour ta part ? Tu sièges seul aussi je crois.
  • Mon peuple me fascine. Je ne me lasse jamais de leur inventivité et de leur esprit créatif. Parfois je me sens comme un aigle qui élève ses petits et les fait s’élancer pour le grand saut du haut du nid.
  • C’est une passion dévorante en effet. Quelle place reste-il pour nous ? Le Prince n’attend pas de réponse. Jérémy le regarde avec un air malicieux.
  • Et puis je ne suis pas seul en haut de la tour ! Dendedémon règne à mes côtés ! Ils rigolent de concert. Ils sont néanmoins conscients d’éluder chacun une partie de leur vérité. La barque reprend un peu d’allure sous le regain d’effort du prince Stéphane. Jérémy, épuisé par cette journée, tombe rapidement dans un profond sommeil. Le prince Stéphane le regarde dormir tout en conservant une bonne cadence pour rattraper leur retard. Il prend le temps de marquer une pause pour couvrir le prince de sa cape, il reste encore un peu de route avant d’arriver aux grottes.

Jérémy se réveille sous les rayons chaleureux du soleil du matin. Il ne sent plus la barque le bercer. Il se dresse en s’étirant et constate qu’ils ont enfin accosté devant les grottes du Pérétos. Stéphane est assis sur un rocher et attend patiemment le prince.

  • Tu as le sommeil profond ! Nous sommes arrivés depuis l’aube.
  • Désolé, je crois que je n’avais pas dormi autant depuis des lustres !

Stéphane désigne un sentier du doigt à l’entrée de la forêt.

  • Les grottes, c’est par là !

Jérémy, encore un peu vaseux, emboîte le pas de Stéphane. Ils arrivent devant une large ouverture taillée dans un flanc de colline. Au sommet de la bouche béante, les princes aperçoivent l’emblème de la guilde des sculpteurs cerclé par une inscription taillée au burin :

Chaque roche possède l’âme que nous lui insufflons.

Les deux princes pénètrent dans la grotte. L’air est frais et humide. La voûte s’élève à plusieurs mètres de hauteur et est soutenue par des colonnes de lumière émanant de gouffres naturels qui percent la toiture des grottes. Les grottes sont reliées par un réseau de galeries creusées par l’écoulement millénaire des eaux de pluie qui ont grignoté peu à peu la tendre roche. Une grande partie des grottes est restée à l’état sauvage, et personne n’ose s’y aventurer de peur de rencontrer une des innombrables créatures monstrueuses dépeintes par les contes. Stéphane scrute les parois de la cavité principale et finit par trouver un gigantesque escalier menant à une chambre supérieure.

  • Essayons par là.

Pendant leur pénible ascension, Jérémy prend conscience de la démesure des lieux. Des escaliers de dix pieds de large, des cavités pouvant accueillir une famille de Trolls au complet. Il visualise alors le Pérétos comme un géant fait de pierre animé par la magie des Anciens, travaillant la roche grâce à des outils forgés par le souffle incandescent d’un dragon titanesque. Chaque morceau de pierre qu’il prélève de la carrière pourrait servir à ériger le rempart d’une cité.

Ils arrivent enfin dans l’atelier du sculpteur. La salle est encore plus impressionnante que son antichambre. Elle irradie de lumière. En plus des puits naturels, le sculpteur a installé un ingénieux jeu de miroirs et de prismes qui décuple les rayons du soleil. La poussière de roche volatile trace des raies de lumières en direction des dizaines de colosses de pierre qui habitent l’atelier. Des effigies chimériques commandées par de riches seigneurs pour orner leurs palais, ou des offrandes faites par des mécènes pour embellir les façades des temples païens du continent. La renommée du sculpteur tient dans la faculté qu’il a à donner vie à ses créations. Elles ne se contentent pas d’être criantes de réalisme, les statues, grâce à la richesse mystique de la roche d’où elles jaillissent, sont douées de sentiments et de raison. Les plus réussies d’entre elles sont mêmes capables d’interagir avec leur environnement.

Les deux princes déambulent le nez en l’air au milieu des géants de marbre. Un tintement métallique provenant du fond de l’atelier attire leur attention. Jérémy appréhende la rencontre avec le colossal sculpteur, il s’avance devant un bloc de marbre de six mètres de haut d’où proviennent un martèlement et un nuage de poussière. Mais aucun géant n’est affairé à sculpter la roche. Le bruit métallique s’arrête. La poussière se dissipe peu à peu laissant apparaître un monolithe à demi-sculpté. Jérémy reconnaît immédiatement la silhouette d’un dragon, et pas n’importe lequel : le sien. Saisi d’effroi, il exhorte le sculpteur à se montrer.

  • Sort de ta cachette Pérétos, géant sous la roche, et dit moi où est Dendedémon !

Une petite voie aiguë se fait entendre.

  • Je suis à vous tout de suite messires ! Le temps de descendre de mon échelle. Un petit être pas plus haut que trois pommes fait son apparition aux pieds des deux princes. Le sculpteur légendaire époussette son tablier et tend la main en direction des princes, un large sourire aux lèvres.
  • Pérétos, sculptomancien des cavernes, enchanté. Qui est Dendedémon ?

Le prince Jérémy regarde, hébété, le minuscule artiste. Ne sachant que répondre, il tend à son tour la main. Le petit sculpteur avance à petits pas, attrape un des doigts du prince et l’agite vigoureusement. Jérémy réalise à quel point le sculpteur est petit, il lui suffirait de soulever le doigt pour le faire décoller du sol. Il se demande comment une si petite personne peut déplacer et tailler des blocs de marbres le toisant de plusieurs pieds. Après cette singulière empoignade, le prince reprend ses esprits.

  • Pérétos, ce dragon que vous sculptez c’est Dendedémon, mon fidèle compagnon et garde princier. Nous sommes à sa recherche et avons fait un long voyage depuis l’ouest. Nous pensons qu’il aurait pu se réfugier dans ses grottes. Et nous avions manifestement raison ! Ou est-il ?

Le Pérétos se détourne du prince et contemple son esquisse de pierre.

  • Les dragons sont des créatures incroyablement complexes à sculpter. Il n’y a pas une seule partie de leur corps qui ne demande pas une intense concentration. C’est d’autant plus compliqué quand votre modèle ne se montre qu’un court instant. Je n’ai jamais pu terminer mes ébauches de ses chimères magnifiques. Mais avec lui, j’ai eu beaucoup de chance ! J’ai un modèle à ma disposition depuis le jour dernier, j’avance à une vitesse folle !

Jérémy perd patience. Il saisit le petit sculpteur par le col d’une main et le soulève jusqu’à sa hauteur.

  • Où l’as-tu enfermé ?! Parles où je te cloue à ton bloc de marbre avec ton burin !

Stéphane hésite à réagir. Il est surpris par la soudaine colère de Jérémy. Il ne s’interpose pas. Le Pérétos agite les pieds dans le vide.

  • Houla du calme ! Je ne suis pas une poupée de chiffon ! Si je tombe je me brise ! Ton dragon il n’est pas ici ! Je l’ai vu survoler mon atelier hier ! Je me suis précipité dans ma tour d’observation et je l’ai vu voler en direction du sanctuaire du roi maudit ! Depuis il plane en cercle autour de la forteresse comme un aigle cherchant sa proie !

Jérémy est immobile. Les yeux figés dans le vide. Stéphane en profite pour attraper le petit sculpteur et le repose délicatement au sol. Pérétos s’époussette à nouveau, remet son tablier en place et reprend ses esprits.

  • Je l’observe avec ma longue vue, c’est comme ça que je trouve mes sujets de créations !

Jérémy sort de sa torpeur.

  • Montre-moi ! Je veux le voir de mes yeux !
  • Oui oui ! Bien sur mon bon Prince. Mais je te prie de ne plus me traiter comme un pantin !

Le petit sculpteur se faufile entre les statues en direction d’un escalier en colimaçon amenant à la surface. Les deux princes le suivent et débouchent sur une terrasse naturelle où est installée une longue vue gigantesque reposant sur un plateau pivotant. De ce promontoire, le sculpteur domine toute la forêt. On aperçoit même à l’horizon lointain les pitons rocheux du royaume de Jérémy. Dans l’axe de la longue vue, on distingue très nettement une large étendue d’eau avec en son centre la silhouette d’une ancienne forteresse. Le prince Jérémy n’attend pas les consignes du Pérétos, il se saisit de la longue vue et pointe en direction du lac. Il est d’abord surpris par la portée de l’engin, il distingue très clairement les détails de la bâtisse en ruine. Des statues chimériques ornent la tour centrale à demi écroulée – Peut-être d’anciennes œuvres du sculpteur – et derrière les racines et la mousse recouvrant les remparts, le prince entrevoit une pierre blanche éclatante, identique aux statues de marbres qui peuplent l’atelier du sculpteur. Le prince oriente la longue vue. Il cherche le dragon planant autour de la tour. Après quelques instants, une masse énorme passe furtivement dans son champ de vision. Il poursuit la silhouette, le cœur battant. Il finit par trouver sa cible : Dendedémon est là, volant tranquillement en cercle. Le dragon semble aller pour le mieux, le prince ne distingue aucune blessure, aucune écaille manquante. Pourtant il perçoit un comportement étrange chez son compagnon : son regard est vide, il ne fixe aucun point, il se contente de se faire porter par les courants et d’orienter sa course d’un virement d’ailes. Le Pérétos s’approche du parapet de la terrasse et sort de sa poche une petite lunette télescopique qu’il pointe dans la même direction.

  • Quelle créature magnifique… Comment as-tu fait pour apprivoiser un dragon ?
  • Ils adorent jouer. Le prince ne lâche pas Dendedémon du regard. Mais peu de personnes sont enclines à faire un cache cache avec un dragon. Jérémy change de sujet. Cette forteresse, comment fait-on pour s’y rendre ?
  • Mmmmh, on ne s’y rend pas. Ou du moins personne n’ose le faire. Elle est cernée par des eaux abyssales, dangereuses, d’où aucune vie ne réchappe. Cette terre est maudite Prince ! Le spectre du seigneur des Bois Pentus la hante toujours !

Jérémy pointe la longue vue en contre-bas et découvre le lac aux eaux noires. Aucune passerelle, aucune embarcation pour atteindre l’îlot central.

  • J’ai bien peur que ton ami soit coincé là pour un moment, peut-être même pour toujours. D’étranges phénomènes sont à l’œuvre depuis quelques temps ici. Un vent surnaturel émane de ces ruines, des créatures s’approchent et disparaissent sans laisser de traces.

Le prince quitte son point d’observation. Il commence peu à peu à perdre espoir. Stéphane perçoit la détresse du prince, il vient le réconforter. Avec un peu d’hésitation il passe une main sur son épaule.

  • On va trouver une solution. N’abandonne pas maintenant.

Jérémy, à fleur de peau, contient ses larmes et reprend son souffle.

  • Et comment faire ? Dendedémon est comme hypnotisé, et on ne peut pas s’approcher du lac ! Tu as entendu ce qu’a dit le Pérétos ?
  • Oui je sais… Réfléchissons.

Le prince Stéphane scrute l’horizon de la forêt. Il s’efforce de trouver une faille pour atteindre cette île. Son regard se fixe sur la cime d’un arbre dépassant tous les autres. Des écureuils s’affairent à remplir leurs garde-mangers pour l’hiver. Les habiles rongeurs escaladent l’arbre, sautent de branches en branches sans jamais perdre l’équilibre. Un des écureuils se présente au bord d’une branche, et tel sur un plongeoir, il s’élance dans le vide pour atteindre l’arbre voisin. Pour contrôler sa trajectoire, il écarte ses membres en étoile et tend sa peau élastique dans laquelle l’air vient s’engouffrer. Au lieu de chuter en ligne droite, l’animal dessine une trajectoire à l’oblique lui permettant d’allonger son saut et d’atteindre les branches les plus éloignées. Le visage de Stéphane s’illumine.

  • Je crois que j’ai une idée ! Si on ne peut s’y rendre ni par la terre, ni par les eaux, il faut s’y rendre par les airs !

Jérémy regarde le prince, dubitatif. Pérétos écarquille les yeux et acquiesce en remuant vigoureusement la tête.

  • Par les airs ! Pourquoi n’y avais-je pas pensé ! Mais pour ça il vous faudrait quelque chose capable de voler… Le Pérétos se frotte le menton. Si seulement vous aviez un dragon …

Les deux princes toisent le petit sculpteur avec un regard accusateur. Pérétos se rend compte de sa bêtise.

  • Oups, pardon. Le petit homme se frotte à nouveau le menton. Et tel un génie sortant de sa bouteille, une idée jaillit de sa tête. La Tisserande ! LA TISSERANDE ! Mais oui bien sûr ! Elle peut vous fabriquer une voile en un rien de temps et vous propulser dans les airs !

Jérémy fronce les sourcils, la situation lui échappe totalement.

  • Mais qui c’est ça la Tisserande ?
  • Pas le temps de vous expliquer ! Vous lui demanderez quand vous la verrez ! Allez suivez-moi vite vite vite ! Pas une minute à perdre si votre dragon est en danger !
  • Mais atten… le Pérétos est déjà parti. Les deux princes se regardent et sans se parler, comprennent qu’il n’est plus le temps de la réflexion. Ils partent à la poursuite du Pérétos qui dévale déjà les escaliers en sautant de marche en marche.

Le sculpteur les conduit jusque dans les tréfonds des grottes. Il court à une vitesse folle pour sa petite taille, les deux princes ne lambinent pas pour ne pas se faire semer. Après plusieurs dédales de galeries souterraines, ils arrivent enfin devant une embouchure laissant deviner une nouvelle salle. Le Pérétos pile devant l’entrée.

  • Vous y êtes ! Allez la voir et dites que vous venez de la part de son ami le sculpteur ! Entre artisans on se connaît tous, elle vous prêtera main forte ! Moi je file à l’atelier, j’ai un dragon à terminer ! Au revoir les damoiseaux !

Et le petit homme s’enfuit laissant les deux princes seuls devant l’entrée. Stéphane s’avance le premier à petit pas. La chambre est beaucoup plus obscure que les autres, l’air fétide et humide. Une cheminée centrale offre la seule source de lumière, et le seul repère visible pour les princes. Ils progressent timidement dans la chambre. C’est alors que Stéphane, en bon éclaireur, se retrouve empêtré dans une toile épaisse et fibreuse qu’il n’avait pas distingué dans la pénombre. Malgré sa bravoure, il ne peut s’empêcher de pousser un cri de dégoût.

  • Aargh ! Des toiles d’araignées. Quelle horreur ! Il y en a partout !
  • Un endroit idéal pour ces petites bêtes…

Jérémy ôte les toiles collées au prince et passe en éclaireur pour dégager le chemin. Il saisit sa dague et dégage les toiles pour se frayer un chemin. Il sent alors une présence dans la pièce. Quelqu’un les observe. Il cherche autour de lui, en se fiant au peu de sens disponible qui lui reste, où se trouve leur hôte ? C’est Stéphane qui fait connaissance en premier avec la Tisserande. Il sent quelque chose lui tapoter l’épaule, il se retourne et se retrouve nez à nez avec une araignée géante, aussi grande que lui. Son sang se glace, il attrape Jérémy par la chemise.

  • Je… je crois que j’ai trouvé la Tisserande… ! Le dégoût est plus fort que lui, il s’agrippe à Jérémy qui fait volte-face malgré lui et rencontre à son tour l’araignée. Le prince, accoutumé, aux créatures chimériques, prend une respiration et salue la créature.
  • Tu dois être la Tisserande ? Nous venons de la part du Pérétos. Il nous faut un moyen d’atteindre l’île de l’ancien roi maudit, nous devons délivrer mon dragon prisonnier d’un maléfice inconnu. Le seul moyen d’y parvenir c’est par les airs, et Pérétos nous a dit que tu pouvais fabriquer une.. voile. Le prince est perplexe, il ne sait même pas à quoi s’attendre quand il lui pose la question. L’araignée observe les deux princes, elle agite ses mandibules et émet de petits sons stridents. Puis elle approche une de ses pattes près du visage du Prince. Jérémy ne fait pas un geste. Stéphane tient Jérémy par les épaules prêt à l’extirper d’une attaque. Elle effleure sa joue avec le velours de sa patte. C’est doux. Le prince la laisse faire ne percevant pas de danger. Elle se penche alors vers Stéphane, le prince recule aussitôt mais Jérémy le contraint.
  • Fais-moi confiance.

Stéphane regarde le prince et s’exécute. L’araignée approche sa patte et caresse le visage de Stéphane. Il ne peut réfréner un rictus de dégoût, mais il tient bon et laisse l’animal terminer son geste. L’araignée regarde les princes de ses innombrables yeux. Elle penche la tête d’un côté, puis d’un autre. Elle tourne autour des deux princes, change de direction. Stéphane sert la main de Jérémy machinalement.

  • Elle va nous bouffer cette Tisserande ! Le Pérétos nous a conduit dans un piège ! Jérémy ressert l’étreinte de leurs mains.
  • Fais-moi confiance. Elle n’est pas dangereuse. Elle nous jauge.
  • D’accord… mais qu’elle jauge vite…

L’araignée s’immobilise. Elle agite à nouveau ses mandibules et se dresse sur ses pattes arrières en émettant un cri puissant. Stéphane n’a pas le temps de réagir. La rapidité de la Tisserande n’est pas volée, en quelques secondes les 2 princes se retrouvent ligotés par la taille, l’araignée est fulgurante, de chaque côté de leurs liens, elle a tissé deux épais cordages qu’elle prolonge déjà d’un large un tricot de soie. Ses pattes se déplacent à toute vitesse, si bien qu’il est presque impossible de voir ses gestes. L’ouvrage prend forme et bientôt, une large toile de soie est reliée aux deux princes. Les princes n’ont pas le temps d’admirer son travail qu’elle s’affaire déjà à un autre atelier, d’un jet de soie elle tend un câble épais entre les parois de sa caverne, elle saisit les deux princes, plié la toile et les places dans l’élastique de soie. Elle s’arrime au fond de la caverne et commence à ramener le câble avec les deux princes vers elle. Les deux princes ont compris : la Tisserande est aussi une experte balistique. Elle va les catapulter en dehors de sa caverne. La peur les envahit. Elle incline le câble, elle cherche l’angle de tir idéal, elle se met dans l’axe de la cheminée principale, tend le câble au maximum… et feu ! Les deux princes sont propulsés comme des boulets de canon à travers la cheminée. En un éclair, il se retrouve à plusieurs dizaines de mètres de hauteur. Ils accompagnent leur ascension d’un hurlement continu, ils n’ont jamais été tout deux aussi près de la mort. Leur trajectoire commence à se courber, ils flottent alors un court instant dans les airs, au milieu des nuages et contemple le vide sous leurs pieds. La toile de soie les surpasse alors et se déploie lentement, ils entament leur descente fatidique. Jérémy adresse une rapide prière au dieu des vents. Pourvu que ça marche. Leur descente s’accélère, mais derrière eux, la toile se déploie et le vent se précipite dans le piège de soie. Les princes sont heurtés par le freinage brusque de leur chute, et ont le souffle coupé. Leur trajectoire a changé, ils se dirigent non plus vers le sol mais vers la forteresse. Le soulagement les gagne. Puis c’est au tour de l’émerveillement. Jérémy, placé devant l’horizon, reconnaît la douceur de la brise de haute altitude. Stéphane découvre la terre sous un nouveau jour.

  • On vole ! On vole vraiment !
  • On l’a fait ! Quel exploit, je vais retrouver Dendedémon ! Les deux princes profitent du lent vol plané. Jérémy songe alors à une chose, une chose importante qu’il avait omis de voir.
  • Stéphane ?
  • Oui ?
  • … Merci.
  • De rien, c’était juste une idée le vol plané.
  • Non, merci pour tout. Pour tout ce que tu as fait pour moi. Rien ne t’obligeait à me suivre et à me venir en aide.
  • …Je l’ai fait parce que je sentais que ça te tenait à cœur. Et… je commence à prendre goût à t… à tes aventures…
  • Je… je crois qu’on en est qu’au début… 

Les deux princes continuent leur descente. Au loin se profile la forteresse maudite, et autour, Dendedémon vole toujours en cercle attendant l’instant fatidique.

Fin du troisième chapitre