Chapitre 5
La vie de château
Le chaos règne. Rien ne se passe comme prévu, chacun a failli à sa mission et le courroux destructeur les guettent. Numéro 7 tremble comme une feuille.
- On va tous… y passer !! Jamais on n’y arrivera ! Il nous faut l’aide d’un mage !!
Numéro 4 s’agite et perd patience.
- Raaaaah ! Mais comment on en est arrivé là ?! Qu’est ce qui a foiré ? On a pourtant suivi les ordres à la lettre !
Numéro 2 s’adresse à ses troupes en pansant une blessure à la main. Il est en sueur et maculé de sang.
- Chacun a fait ce qu’il a pu… ne vous découragez pas les gars, il y’a toujours de l’espoir.
Numéro 5 rengaine son couteau et interpelle son chef.
- De l’espoir ?? Tu oublies ce qui s’est passé pour nos prédécesseurs ! Ils ont été balayés ! Pulvérisés ! C’est l’incarnation de la fureur !
- Surveille tes paroles quand tu parles d’elle ! Elle n’est jamais très loin… Elle entend tout…
Un grand claquement retentit. Numéro 3 tressaille.
- C’est trop tard !!! Elle arrive ! Tenez vos positions et ne vous défilez pas !
Derrière la porte de leur retranchement, leur bourreau s’approche à vive allure, chaque pas est tinté d’un bruit métallique et strident, semblable à une lame qu’on affûte. Les deux grands vantaux de la porte s’ouvre violemment. Chacun reste enraciné au sol, prêt à mourir sur le champ d’honneur. Elle entre calmement dans la pièce, et avance d’un pas lourd et aiguisé. Elle passe devant chaque brigadier, laissant dans son sillage un silence glaçant. Elle s’approche de numéro 2, s’arrête devant lui et renifle l’air ambiant. Le brigadier-chef est tétanisé, incapable d’émettre un son, il dégouline de sueur. Elle renifle encore plus vite, se penche vers numéro 2, et trouve à côté de lui la source du fumet qui l’attire : un récipient au fond duquel gît un liquide noirâtre à la texture sirupeuse, presque coagulé. Elle approche sa main aux ongles acérés, tend un doigt qu’elle plonge dans le liquide. Il est encore chaud, et la texture épaisse reste collé au bout du doigt. Elle porte son doigt à sa bouche et du bout de la langue, goûte l’épais sirop. Elle est prise d’un spasme et crache le liquide au sol.
- Pouah ! Et c’est ça que vous appelez une sauce aux morilles ?!
Numéro 2 cambre la tête en retenant un sanglot.
- Pa…pardon cheffe… nous avons fait notre possible mais la tâche était trop ardue ! Ne nous en voulez pas je vous en prie !
Elle fusille son bras droit du regard et commence une inspection approfondie. Elle ausculte chaque poste de la cuisine, goûte tous les plats, et la réaction est invariablement la même.
- NUL !
- INSIPIDE !
- DÉGOÛTANT !
- BRÛLÉ !
- CRU !
Mamagratine n’en peut plus. Elle explose de rage.
- VOUS N’ÊTES QU’UNE BRIGADE D’INCAPABLES !!! Pas un pour rattraper l’autre ! Je ne serai pas toujours là pour vous tenir la main bébés pleurnicheurs ! Six mois de formation pour un tel résultat ?! Ce soir c’est la fête annuelle des moissons ! Nous recevons la délégation du royaume des Montagnes et ils sont trèèèèèès difficiles à satisfaire ! Et pour couronner le tout : nous célébrerons les deux ans d’unification des trois royaumes !! Alors…
- AU TRAVAIIIIIIIL !!!!
Tous les brigadiers se ruent à leurs postes sans discuter. Seul numéro 2 reste auprès de sa cheffe. Il l’implore de lui venir en aide face à la complexité des recettes. Elle trépigne du haut de ses talons aiguisés.
- Mais ce n’est pourtant pas compliqué ! Tu mets un peu de ceci avec un soupçon de cela, tu assaisonnes avec un filet de machin et tu ajoutes une poignée de bidules !
Vu l’air circonspect de son bras droit, elle finit par se résigner. Elle enfile son tablier et grimpe à la coursive qui domine l’arène des fourneaux. Elle saisit son porte-voix et motive ses troupes, à sa façon.
- Allez mes agneaux ! Tous à vos fourneaux et tachez de suivre la cadence sinon Mamagratine va vous dévorer tout cru ! Il nous reste cinq heures avant de servir les hors d’œuvres ! Au boulot mes agneaux ! …
Cela fait bien longtemps que la citadelle de Stéphane n’avait pas connu une telle effervescence. L’arrivée des sujets du royaume des Montagnes a considérablement bousculé les habitudes du prince.
Au sous-sol, Mamagratine, la cuisinière du château, dirige sa brigade pour servir l’un des plus grands festins de la fête des moissons. Aux étages, les couloirs fourmillent de domestiques transportant des piles de linges dans les innombrables chambres recevant les invités de marque. Les femmes de ménages soulèvent des nuages de poussières, inondent le carrelage et font briller les lustres et les miroirs. Au rez-de-chaussée, on fleurit le grand hall, on hisse des tentures et lustre les boiseries. Sur la place du village, on dresse des chapiteaux, on installe les tables de banquet de fête. Une grande estrade se construit en face de la table des princes. A grande occasion, grands moyens : une troupe de théâtre fait le voyage depuis la province de Vigneris pour honorer les princes d’un spectacle grandiose.
Le prince Stéphane s’est isolé du tumulte des préparatifs. En compagnie du Nanterrien, il visite le chantier du nouveau bastion des Bois Pentus. Après la disparition du roi maudit, les princes ont entrepris d’édifier une place forte à quelques pas des ruines de son donjon. Officiellement, le bastion permet aux deux princes de protéger leur royaume respectif d’une éventuelle réapparition du spectre du roi. Mais officieusement, ils envisagent d’en faire leur nouvelle demeure. La construction ne s’est pas faite sans heurts, de nombreuses négociations ont été nécessaires avec les Gardiens pour permettre aux humains de s’installer dans les bois. Mais en restaurant l’équilibre dans la forêt, ils gagnèrent la confiance de la Mère Licannde, la Gardienne de la Faune et de la Flore, et permirent l’édification du bastion.
Les remparts sont achevés et les appartements princiers se dessinent peu à peu. L’ensemble de l’édifice a été construit avec les matériaux des Bois Pentus : la charpente a été taillée dans les branches mortes de Ventre-feuillu et les pierres des remparts proviennent des carrières du Pérétos. Elle est nichée au cœur de la forêt, en parfaite harmonie avec la nature. Au-dessus des appartements se dressera une tour de garde surmontée d’une terrasse qui offrira une vue complète des alentours. Stéphane se réjouit de la bonne avancée du chantier, il s’imagine déjà avec Jeremy, au beau milieu de cette forêt, errer dans les sentiers et s’émerveiller de la magie qui l’habite.
Mais Stéphane est préoccupé par autre chose. Le prince Jeremy n’est pas avec lui. Avec le temps, le prince des Montagnes s’est peu à peu renfermé sur lui-même. Il ne rit plus autant qu’avant, et mange de moins en moins. Il ne sort que très rarement de ses appartements et ne joue plus avec Dendedémon. Isolé de son royaume, il a considérablement diminué ses visites et délaissé son peuple. La Chamane pense que le prince vit encore avec le spectre de la malédiction du roi, mais Galane reste muette à ce sujet. Bien que rien ne laisse penser qu’un sort ai été jeté aux princes, une ombre semble planer au-dessus de leurs têtes.
Cette fête de l’union des trois royaumes est l’occasion pour Jeremy de retrouver ses plus proches sujets. Même si l’évènement devrait l’emplir de joie, il a lui aussi préféré se retirer dans les bois en compagnie de son dragon. Le Prince est parti convier la Chamane au banquet. Il a fait un petit détour pour se rendre aux pieds des sœurs de pierre. Il croise sur son chemin quelques fétiches jouant à cache-cache, Dendedémon écarquille les yeux ; lui aussi il aimerait bien jouer. Le Prince laisse son dragon s’amuser avec les bonhommes de chiffon le temps de s’entretenir avec les sœurs.
A l’approche des statues, il surprend la Chamane en pleine conversation avec les deux sœurs délaissées par Galane.
- Je venais à ta rencontre Chamane. Je ne m’attendais pas à te trouver ici.
- Bonjour prince. Je viens souvent rendre visite à Savance et Litanaa. Galane leur manque, le lien qui les unis est puissant tu sais… En parlant d’union : les préparatifs de la fête avancent bien ? Tu es venu me convier au banquet il me semble ? J’accepte avec joie.
- Euh… et bien oui, on ne peut rien te cacher, comme toujours. Une prémonition ?
- Non, un de mes fétiches, Gnük, il vous suit partout depuis la défaite du roi. Et c’est un bavard Gnük !
Les sœurs saluent en chœurs le prince à leur tour.
- Prince Jérémy, nous sommes honorés de votre présence. Nous chantons tous les jours les louanges de votre victoire à vous et au prince Stéphane. Les âmes de la forêt s’épanouissent depuis la disparition du roi, les Bois Pentus revivent !
- Et bien… merci. Si les êtres de la forêt sont heureux, c’est tout ce qui compte.
- Nous espérons que cette félicité gagne vos cœurs en retour Prince.
- … je l’espère aussi. Bien, nous devons y aller Chamane, es-tu prête ?
Hééé… oui Prince allons-y. Allons célébrer cette « félicité » avec le Prince Stéphane !
Le crépuscule émerge à peine quand la délégation du royaume des Montagnes arrive aux portes du château. Fidèle à leur prince, ils ont choisi la voie des airs pour voyager : une goélette dirigeable, surmontée d’un gigantesque ballon ficelé par des cordages, passe au-dessus de la grande muraille en frôlant la coursive des gardes. Sur le parvis de la place du village, les villageois accueillent les visiteurs en fanfare, le Nanterrien et ses troupes sont au garde à vous et forme une haie d’honneur pour les invités.
Le Prince Jeremy arrive à son tour, il a escorté le dirigeable depuis les bois et fais signe à Dendedémon d’atterrir sur la place du village. Il accueille chaleureusement ses sujets, chacun a droit à une embrassade ou une accolade étouffante et le prince retrouve pour un temps le sourire. Stéphane s’avance à son tour pour saluer ses convives. S’en suit les salutations entre villageois, les poignées de mains et les tapes dans le dos. Tout le monde se réjouit de cette entremise et se dirige vers le grand banquet.
A l’abri du brouhaha, Stéphane enlace son bien-aimé.
- Tu m’as manqué ! Ou étais-tu pendant tout ce temps ? Tout va bien mon ange ?
- Oui amour, tout va bien… je rendais visite à la Chamane. Allons-y, ils nous attendent.
- … oui bien sûr.
Les lanternes multicolores s’illuminent sur la place, l’orchestre perché sur la première terrasse du château, joue des airs gais et entraînant et annonce l’arrivée de chaque invité de marque. La Chamane fait ainsi son entrée suivie par sa cohorte de fétiches. Chacun s’est affublé d’un petit accessoire glané dans la forêt, une façon à eux de se mettre sur son trente et un. Gnük a épinglé un scarabée vivant sur son poitrail, la pauvre bête gigote encore. Entre autres costumes de fêtes, certains sont coiffés de coquille de noix ou de champignon, d’autres ont noués des vers de terre autour de leur cou en guise de nœud papillon.
Après quelques tournées de pintes de bières, l’ambiance de la place du village s’anime ; Mamagratine en profite pour apporter les plats de résistance. Les brigadiers sortent des cuisines l’un après l’autre, supportant de larges plateaux d’argent recouverts de mets brûlants. Les convives affamés applaudissent à la vue du repas gargantuesque qui les attend. Mamagratine ouvre la voie à sa brigade en écartant les convives un peu trop éméchés. La cheffe s’avance devant les princes, au centre du banquet pour les saluer comme se doit la coutume.
- Messires des montagnes, des collines et des bois, ma brigade et moi-même sommes honorés de vous servir pour cette soirée si spéciale ! J’espère que tout le monde à faim !!! Alors : BON APPÉTIT !
L’audience acclame Mamagratine et les princes remercient chaleureusement la cuisinière en chef. Tout le monde s’affaire autour des plats, prend un peu de ceci et beaucoup de cela, et les convives dégustent avec joie en faisant tinter leurs chopines. Le Prince Stéphane remarque que Jeremy touche à peine à son assiette.
- Mange un peu, au moins pour faire plaisir à la cuisinière, je n’ai pas envie qu’elle rouspète. Et nous fêtons nos deux ans !
Jeremy acquiesce d’un signe de tête mécanique et se sert une petite portion du premier plat venu. Son esprit est ailleurs ce soir.
- Cela fait déjà deux ans… Le temps passe si vite. Deux ans que le roi a disparu… Deux ans que nous vivons dans le doute : est-il encore en vie ? A-t-il réellement maudit notre union ?
- Pourquoi te poses-tu toutes ces questions ? Cela fait deux ans que nous bâtissons notre nouveau chez nous, deux ans que nos royaumes se sont réunifiés, depuis deux ans, la paix est revenue dans les Bois Pentus. Alors profitons, il n’y a aucune raison de ne pas le faire. Et le roi est bel et bien mort, j’en suis cert…
Un rire grave et tonitruant sortant de nulle part interrompt le repas. Les invités se figent.
- AH AH AH AH AAAAH !!! Alors personne ne m’a attendu ? Comment osez-vous ?! Préparez-vous à succomber à la magie…
Jeremy prend peur et panique. Il bouscule sa chaise en se relavant.
- C’est lui !! Il est revenu !! Il faut part…
- …à la magie de… PAPACAILLOU !!
Une explosion de fumée multicolore surgit sur l’estrade du théâtre. PapaCaillou apparaît au cœur du nuage, enroulé dans une cape épaisse. Le magicien toise ses spectateurs du regard, sa longue chevelure argentée flotte dans les airs. Il ouvre les bras vers le public et déclenche un déluge pyrotechnique tout autour de lui. La foule est subjuguée par le spectacle et applaudie à tout rompre.
- Damoiselles et damoiseaux, mesdames et messires, voici pour vous la grande représentation des mages de Vigneris ! Petits et grands tenez-vous prêt, à « trois » le spectacle va commencer !
L’orchestre entame une symphonie électrique pour accompagner le spectacle.
- UN !
PapaCaillou claque des doigts pour éteindre toutes les lanternes de la place. Les villageois poussent des petits cris d’excitation.
- DEUX !
Un deuxième claquement de doigts et des braseros s’enflamme autour de l’estrade, projetant une pluie de lucioles enflammées.
- TROIS !
Au troisième claquement de doigt, PapaCaillou s’enflamme sur la scène sous les yeux effrayés des spectateurs. Le feu s’intensifie, PapaCaillou irradie la place du village, aux premiers rangs, les villageois reculent face à la chaleur intense. La combustion spontanée du mage prend fin dans une explosion de flammes aveuglante, laissant la place au deuxième mage : Metaly.
Metaly est un jeune homme d’une grande taille au regard noir et perçant. Il s’avance au-devant de la scène sans un salut ni un sourire. Il tend la main vers le public et pointe les gardes du doigt. Les soldats du Nanterrien, amusés lui font une révérence en retour. Metaly répond aux soldats en levant l’index vers le ciel. Par la force du geste, les épées des gardes jaillissent de leurs fourreaux et foncent vers la scène en fendant l’air. Le mage décrit des petits cercles du bout de son doigt et fait tournoyer les épées autour du lui. Il fige son index, les épées s’immobilisent dans les airs. L’audience retient son souffle. Metaly plie progressivement son doigt, les lames se tordent sous la contrainte et s’enroulent comme des escargots. Le mage pointe le sol du bout du doigt et les épées s’écrasent lourdement à terre, aux pieds de leurs propriétaires. Les gardes, éberlués, se joignent aux autres pour applaudir l’exploit du mage.
Le troisième mage fait son entrée. C’est une jeune femme au visage rond et enjoué posant un regard bienveillant sur l’auditoire. Elle avance gracieusement au centre de la scène et lève sa main en décrivant une ondulation. Au commandement d’Ondulis, toutes les carafes du banquet se vident de leur eau. Des milliers de gouttes d’eau s’élèvent dans les airs au-dessus du banquet, Ondulis dessine une vague avec sa main, faisant danser les gouttelettes qui scintillent sous la lumière des braseros. La foule est émerveillée par la beauté du spectacle. La jeune femme rassemble ses deux mains, les gouttelettes s’agglomèrent pour former un gigantesque cheval liquide qui galope au-dessus de la place du village. Elle termine son numéro en écartant les dix doigts pour faire exploser le cheval en une fine bruine rafraîchissante sur les spectateurs déjà debout pour applaudir la mage.
Le dernier mage se fait attendre, Ondulis a quitté la scène et personne n’ai encore venu la remplacer. PapaCaillou exhorte le plus jeune des mages à sortir de sa cachette.
- ZEPHYRIAN ! C’est à toi mon garçon !
Mais personne n’entre sur scène. Les princes, trop occupés à scruter la scène du regard, n’ont pas prêté attention au jeune garçon malicieux qui s’est glissé entre eux deux.
- BOO !!
Les princes sursautent malgré eux. Le jeune Zephyrian rit de sa blague et saute par-dessus la table des princes. Le mage apprenti rejoint la scène en sautant au-dessus des convives, comme porté par des fils invisibles.
Il atterri sur l’estrade à pieds joints sous les applaudissements du public. Il se tourne alors en direction des princes, esquisse un sourire et porte son index devant ses lèvres. PapaCaillou s’inquiète, Zephyrian prépare quelque chose qui n’était pas prévu au numéro. Le jeune mage gonfle ses joues, retient sa respiration pendant de longues secondes durant lesquelles un silence pesant règne. Il expulse tout son souffle en direction des princes. Le souffle du petit mage se transforme en véritable tempête qui fait s’envoler toutes les tables du banquet. Sous le souffle du mage, Les princes décollent de leurs chaises et tombent à la renverse. Les braseros de la scène s’envolent et enflamment les tentures, la foule commence à paniquer. PapaCaillou intervient, il attrape Zephyrian par la taille et s’extirpe vers les coulisses. Les villageois se relèvent quelque peu chamboulés, mais impressionnés par la puissance du jeune mage, lui offre la plus grande des ovations.
Stéphane encore à terre, éclate de rire.
- Quelle fougue il a ce petit ! Hein Jérémy ?
Mais Jeremy n’est pas aussi enjoué que lui. Le souffle du mage vient de lui faire revivre la scène du combat contre le roi maudit. Il est en état de choc. Il se relève en tremblant et quitte précipitamment le banquet, laissant Stéphane circonspect.
Stéphane rejoint Jeremy qui s’est réfugié dans les prairies face à la grande éolienne. Le prince est en pleurs.
- Qu’est-ce qui ne va pas Jérémy ?
- Mon esprit est sans cesse tourmenté, je n’arrive pas à trouver le sommeil, cette malédiction, je ne sais pas si elle vraie, mais elle me terrifie !
Stéphane est désarmé.
- Que puis-je faire pour t’aider ?
- Je… je n’en sais rien. Tu es là pour moi, c’est déjà beaucoup…
Jeremy sèche ses larmes et voit l’éolienne se mettre en marche.
– Je croyais que depuis la disparition du souffle de la forêt, l’éolienne ne fonctionnait plus, comment est-ce possible ?
Ils partent en direction de la grande éolienne. Ils trouvent Zephyrian assis dans l’herbe au pied de la tour, il souffle délicatement sur les voiles de la machine. Stéphane s’approche du jeune garçon.
- Que fais-tu là tout seul mon petit ?
- Pffffff… PapaCaillou m’a viré de la troupe ! Il était très en colère cette fois : « Tu veux couler mon affaire espèce de petit ingrat ?! ». Alors je suis parti, et j’ai vu votre grand moulin à vent, je l’aime bien… ah oui j’allais oublier : Pardon pour tout à l’heure. Je suis un jeune apprenti, je ne savais pas ce que je faisais.
Jérémy s’approche de Zephyrian.
- Ce n’est pas grave. Mais ne le refais plus. En revanche, si tu veux souffler de toute tes forces sur les voiles de l’éolienne ne te gêne pas !
- C’est vrai je peux ?
Stéphane se tourne vers son prince. L’espace d’un instant, Jérémy semble avoir oublié sa malédiction. Il répond alors à Zephyrian.
- Oui tu peux. Et si tu n’as aucun foyer vers qui te tourner, tu peux rester ici.
- VRAI ??
Jeremy et Stéphane se regardent et acquiescent à l’unisson.
- Alors c’est d’accord ! Merci messires !
Jérémy, épuisé, préfère monter dans ses appartements se reposer. Stéphane reste encore avec Zephyrian pour profiter de la fraîcheur du vent. Ils restent un petit moment sans parler, assis dans l’herbe. Zephyrian finit par briser le silence.
- Le Prince des montagnes… il porte la marque du roi maudit.
Stéphane est surpris par la révélation du jeune homme.
- Comment… comment sais-tu pour le roi ?
- Je suis peut-être un apprenti, enfin, j’étais un apprenti, mais je suis un mage avant tout ! Sa marque est invisible à vos yeux, mais pas aux miens.
- Alors comment faire pour s’en débarrasser ?
- Mmmmh… à ma connaissance, il n’y a pas de contre sort, ni de remède. C’est de la magie très ancienne, presque divine ! Mais, si un dieu peut jeter un tel sort, peut être qu’un autre peut le lui enlever !
- Quel dieu ?
Le jeune garçon lève les yeux au ciel.
- Pfffffffff… les Gardiens bien sûr ! Faut tout vous apprendre ! Bon je suis épuisé moi aussi, je vais me trouver une chambre au château. Bonne nuit prince !
Stéphane reste seul au milieu de la prairie. Il se laisse hypnotiser par les hélices de l’éolienne, et songe à la révélation de Zephyrian. S’il existe une solution, il doit retrouver la Chrysalide.